Bonjour,
trois petites nouvelles de mon hôpital:
- une patiente de 40 ans sous baclofène à 200 mg pour un alcoolisme chronique est admise pour crise d'épilepsie. Celle ci est attribuée au baclofène et le traitement est arrêté brutalement par les médecins qui la prennent en charge. Elle ressort et revient 24 heures plus tard pour syndrome confusionnel, c'est à dire qu'elle ne sait plus où elle est, elle a un comportement complètement inadapté. L'interne qui s'en occupe m'informe et me dit qu'une interdiction formelle et définitive du baclofène a été inscrite dans son dossier. Je lui explique la situation et réintroduit le baclofène à une dose inférieure et la situation se règle rapidement. Les risques d'une sevrage brutal ne sont visiblement pas connus des médecins qui l'ont prise en charge initialement alors qu'ils sont notés dans le Vidal, notre bible des médicaments...
- une patiente de 48 ans admise sevrage éthylique. La situation s'arrange rapidement avec du valium et elle va sortir de mon unité. L'entretien est de très bonne qualité, elle m'informe qu'elle n'a jamais pris de baclofène car son médecin est contre. Elle doit rentrer en cure puis post-cure dans les quinze jours. Je lui présente le traitement, ses avantages et ses effets secondaires. Elle est tout à fait partante et je débute la prescription, à charge du médecin traitant, qu'elle a changé, de le poursuivre. Je ne sais bien évidemment pas comment cela va se passer mais j'espère qu'en ayant débuté le traitement à l'hôpital, bien expliqué les tenants et aboutissants, celui ci soit poursuivi.
- et puis, cerise sur le gâteau, je reçois, comme l'ensemble des médecins de l'établissement, un mail nous indiquant la création d'un "collège expertal", je ne connaissais pas ce mot mais visiblement ce néologisme est censé nous informer que ce sont des experts, pas des médecins standards, non des leaders. Ce collège se réunissant deux fois par mois, est destiné à rendre un avis d'experts, pour les posologies de baclofène supérieures à 180 mg et à 120 mg pour les patients de plus de 65 ans. Il faut bien sur le petit bilan suivant :
- bilan hépatique, rénal, numération sanguine, exploration de la coagulation
- sérologies VIH, hépatites B et C
mais je suis mauvaise langue car le dossier, qui doit être exhaustif sinon ne sera pas traité, ne fait que 19 pages !
ne me demandez pas la justification des sérologies virales, vraiment, je ne vois pas.
Alors, oui le comité est créé, et oui, il est destiné à ne pas fonctionner, oui, aucun médecin prescripteur ne se farcira ce dossier !